En Laponie, le 21 Août annonce officiellement le début de l’automne. Le froid arrive et la nature s’endort doucement. Pour nous, cela marque le début des entrainements de nos chiens de traîneau.
Durant l’été, les températures sont trop élevées pour les faire travailler – ils risquent la surchauffe. Puis, début Septembre voit l’ouverture de la chasse à l’élan. En Laponie Suédoise, les forêts sont remplies de chasseurs (et de leurs chiens). Il est donc hors de questions de sortir les nôtres.
Ainsi, nous attendons les alentours du 20 Septembre pour commencer à entraîner les chiens. Et ils débordent d’énergie après s’être reposés pendant l’été.
Comment entraîner un chien de traîneau ?
Au mois de Septembre, il n’y a pas du tout de neige. Nous utilisons donc des engins à 4 roues, comme des quads ou des karts (que nous fabriquons et commercialisons) pour atteler les chiens.
Le programme d’entrainement dépend du travail que l’on fait avec les chiens. Un musher qui fait de la vitesse n’entraînera pas ses chiens de la même façon que celui qui fait de la longue distance.
En ce qui nous concerne, nous entraînons nos chiens pour le semi-longue distance. Nous commençons par des courtes boucles d’environ 6-7 kms, afin de remettre les chiens dans le bain et de reprendre en douceur. Ils doivent se re-muscler et retrouver leur cardio. Il ne faut surtout pas les épuiser. Le travail doit toujours être un moment de plaisir pour les chiens. Au fil des semaines, nous agrandissons les boucles jusqu’à ce qu’ils courent approximativement 25 km par jour. Passer de 7 à 25 km prend en général 3 à 4 semaines avec au moins deux jours de repos par semaine.
Préparation physique et mentale
Il est important pour les chiens de développer autant la puissance que l’endurance. Les karts (sur lesquels nous rajoutons du poids) qu’ils tractent ont un poids total d’approximativement 300 kg pour 10 chiens. Cela peut paraître beaucoup, mais il faut qu’ils soient préparés à tirer dans des conditions de neiges très mauvaises. Tirer un traîneau avec une personne et du matériel divers que nous transportons durant nos raids dans de la poudreuse est dur.
Quand les conditions sont bonnes, que la piste est damée, c’est facile pour eux.
Nous les préparons aussi mentalement en leur faisant faire par exemple du dénivelé. Dans les montées, ils apprennent à travailler en équipe et à « taper dedans » tous ensemble. Le travail mental est très important, car nous ne sommes pas à l’abri d’une tempête de neige en plein raid. Les chiens doivent alors avoir la force physique et mentale de travailler dans des conditions extrêmes.
Trouver sa place dans l’attelage
Les entraînements permettent aussi de voir les positions dans l’attelage que préfèrent tel ou tel chien. À gauche, à droite, ou plutôt vers l’avant ou vers l’arrière, et bien sûr, cela est aussi défini par leur gabarit. Un gros chien puissant travaillera plutôt vers l’arrière alors qu’un petit rapide sera plutôt à l’avant.
Nos chiens courent par deux, et c’est important qu’ils fassent équipe avec un chien qu’ils aiment. Les entraînements permettent ainsi de leur trouver un binôme qui reste à 95% le même tout l’hiver (et sur plusieurs saisons). Par exemple, cette année, nous avons récupéré une dizaine de chiens adultes. Il a fallu apprendre à les connaitre et les observer pour leur trouver un duo qui leur convienne. De même, lorsqu’un chien part à la retraite, nous devons trouver un nouveau coéquipier à celui qui continue de travailler.
Formation des jeunes chiens
Les entraînements permettent aussi de former les jeunes chiens inexpérimentés. Nous commençons par les atteler sur de courtes distances à partir de sept mois. Ainsi, ils s’habituent à porter un harnais et apprennent doucement à tirer. Pour cela, nous les mettons en duo avec un chien expérimenté. Certains comprennent dès la première ou la deuxième sortie, d’autres ont besoin d’un peu plus de temps.
Travailler les chiens difficiles
L’automne est aussi le moment de travailler les chiens qui ont des difficultés. Certains peuvent avoir un blocage psychologique, ou un manque de confiance en soi, ils doivent être alors pris et travaillé à part. Par exemple, nous avons eu un chien qui avait fait un blocage sur la glace et en avait peur. Nous l’avons travaillé en cani-rando et au bout de 2-3 sorties, il a repris confiance sur la glace. Une autre était tellement en manque de confiance qu’elle avait peur à l’attelage au milieu de tous les autres chiens et n’osait pas courir. En la prenant à part, elle a pu doucement prendre confiance.
Une saison importante
L’automne est aussi le moment de vérifier l’équipement, les traineaux, et de tout remettre en état. C’est aussi un moment important pour souder l’équipe et passer du temps ensemble afin d’accueillir nos voyageurs dans les meilleures conditions possibles.
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