Le terme « race » est défini comme la subdivision (par sélection) d’une même espèce possédant un certain nombre de caractères physiques héréditaires. Souvent associé au husky de Sibérie, il existe cependant plusieurs races de chiens de traineau. Nous vous en présentons les principales dans cet article. Ces races nordiques viennent de différentes régions polaires et ont développé des caractéristiques variées en fonction du climat dans lequel elles ont évolués, mais aussi des hommes avec lesquels elles ont cohabité.
Le Husky de Sibérie
Le husky de Sibérie est le chien de traîneau le plus connu du grand public.
Cette race, originaire de Sibérie orientale, a été créée par les indiens Tchouktches. Le husky n’était pas seulement un chien de traîneau mais aidait aussi à la chasse et s’occupait des enfants.
Selon la légende Tchouktche, le husky est né de l’union de la lune avec un loup. Ce dernier éprouvait un amour fou pour la lune, qui une nuit, descendit le rejoindre. Ainsi naquit le husky de Sibérie, avec son apparence du loup et sa queue en croissant de lune. D’après la légende, huskys et loups hurlent les soirs de pleine lune, demandant à celle-ci de redescendre. Les Tchouktches étaient proches de leurs amis à quatre pattes et pensaient qu’à leur morts, leurs chiens déjà partis les attendaient aux portes du paradis pour les y accompagner.
Réputé pour ses yeux parfois bleus, parfois vairons (un œil bleu et un œil marron – ou un œil bleu et marron), le husky de Sibérie est affectueux et très intelligent. Ces qualités font de lui un chien de compagnie prisé. Cependant, il reste un chien de travail et s’adapter à une maison peut parfois être compliqué. En effet, le husky de Sibérie a l’esprit indépendant et a un grand besoin de se dépenser. Très sociable, il aime être proche de l’homme et a l’habitude de vivre au sein d’un groupe (de chiens ou d’hommes). Il en respecte les lois de la hiérarchie et supporte mal la solitude.
Le husky peut être têtu et n’écoute pas très bien. Pour l’éduquer, il faut faire preuve de beaucoup patience. Intelligent, il est capable de comprendre les beaucoup d’ordres mais n’obéit pas aveuglément. Tant qu’il ne comprend pas le pourquoi d’une demande, il aura tendance à l’ignorer. Ce chien a un instinct de chasse encore bien ancré. Assez fugueur, il va souvent partir à la recherche de gibier quand il s’enfuit (et c’est le roi de l’évasion) !
Chien de taille moyenne, le husky mesure généralement entre 40 et 60 cm au garrot. Une femelle pèse entre 15 et 20 kg alors qu’un mâle fera plutôt entre 25 et 30 kg. Pouvant courir à une allure de 16-18 km par heure, ce sont des chiens de traîneau plutôt rapides et très endurants. Cependant, ils ne sont pas très puissants et ne peuvent en moyenne que tracter leur propre poids. Pour du travail qui demande force et puissance, le malamute d’Alaska est plus adapté.
Le malamute d’Alaska
Le malamute est le plus grand et le plus puissant de toutes les races de chiens de traîneau. Il tire son nom des Mahlemuts, un peuple originaire de Sibérie qui migra vers l’Alaska il y a environ 2000 – 3000 ans. Les malamutes étaient utilisés pour tirer de lourdes charges sur de longues distances, à allure modérée, dans les conditions polaires les plus rudes (comme par exemple déplacer des provisions entre villages). Ils servaient aussi à la chasse. Il étaient en effet capables de tuer les ours et aidaient leurs maîtres à trouvé les phoques.
Adapté aux climats extrêmes et aux durs efforts, le malamute a une lourde ossature et une puissante musculature. Sa double fourrure très dense et son sous poil impénétrable le rend résistant aux rudes conditions du grand nord. C’est un chien de grande taille qui mesure entre 50-70 cm au garrot et pèse entre 25-30 kg pour une femelle et 40-50, voir même jusqu’à 60 kg pour un mâle.
Très puissant, le malamute peut tracter jusqu’à une fois et demi son propre poids, soit environ 40 – 60 kilos suivant sa forme physique et son entrainement. Le record du monde en weight pulling (un chien tirant un poids) a été atteint par un malamute qui a tracté 2 tonnes 450 kg ! Le malamute est cependant assez lent puisqu’il court a une moyenne de 7-8 km/h.
Ce chien ressemble à un gros nounours et est d’une nature plutôt calme, sentimentale et affectueuse envers l’homme. Attention, habitué à la survie et à la loi du plus fort, il a tendance à être plutôt bagarreur avec les autres chiens. Il a l’habitude de vivre en meute et il est important de gagner son respect en lui offrant une éducation ferme et juste (non violente). Une fois sa place comprise et acceptée (en meute ou en famille), c’est un super compagnon. Comme toutes les races de chiens de traîneau, il a besoin d’exercice et de se dépenser quotidiennement.
Le samoyède
Cette race nous vient de Sibérie, des tribus Samoyèdes. Chien polyvalent, il était utilisé comme chien de traîneau, de chasse et de troupeaux (de rennes). Très proche de leurs maîtres, ces chiens dormaient avec eux dans les habitats et servaient de source de chaleur.
Le samoyède est toujours blanc ou crème au poil long. Il possède un poil très épais et dense, capable de le protéger contre le froid extrême de l’Arctique. Doté du même gabarit que le husky de Sibérie, le samoyède n’en n’est pas pour autant aussi performant. En effet, à force de croisements privilégiant l’esthétique à la performance, le samoyède est devenu moins puissant et rapide que son congénère. De toutes les races de chiens de traîneau, c’est la plus bruyante. Il aboie constamment. Doux, gentil, affectueux et obéissant, le samoyède fait en revanche un super chien de compagnie.
Le groenlandais
Chien typique des eskimos du Groenland, c’est le chien de traîneau par excellence. Pour préserver la « pureté » et éviter les croisements de cette race classée au patrimoine mondial de l’Unesco, il est strictement interdit de se rendre au Groenland avec un chien.
La géographie de leur pays d’origine a donné naissance à plusieurs gabarits de groenlandais. En effet, la côte Ouest vit des hivers plus froids, une glace plus épaisse, plus forte et plus dense, et on y trouve donc des chiens plus costauds et massifs. La côte Est en revanche voit des températures plus douces. La glace y est souvent plus fragile et les chiens ont donc tendance à être plus fins et plus légers.
Presque aussi rapide que le husky de Sibérie (il peut courir à une vitesse de 15-16 kms par heure), et presque aussi puissant que le malamute d’Alaska, le groenlandais est la race de chiens de traîneau la plus polyvalente. C’est un chien motivé qui aime le travail. Il aime la poudreuse, aime en baver et peut parfois s’ennuyer sur des pistes qui sont trop travaillées et trop faciles. Les nôtres adorent partir en raid et ne pas savoir ce qui les attend !
Toutes ces qualités réunies font du groenlandais le chiens de traîneau le plus utilisé pour les expéditions polaires.
Habitué à vivre en meute, le groenlandais reste un chien rustique. Il est respectueux de la hiérarchie, mais il faut s’imposer en tant que chef. C’est probablement le chien de traîneau le moins adapté à une vie de chien de compagnie. Il est resté beaucoup trop « sauvage » dans son comportement et a tendance à vouloir être traiter d’égal à égal, se soumettant plus difficilement. Il faut pouvoir s’imposer comme chef de meute et gagner son respect (encore une fois, pas par la violence, mais par la force de caractère et une éducation ferme et cohérente).
Attention, sauvage ne veut pas dire agressif ou méchant. Le groenlandais est très gentil et affectueux envers l’homme.
L’eskimos Canadien
Originaire du Canada, l’eskimo canadien est le cousin du groenlandais. Ils sont d’ailleurs considérés comme une seule et même race génétiquement parlant. En effet, puisque la mer de Baffin (qui se trouve entre le Canada et le Groenland) gèle en hiver et le reste pendant de longues périodes, les chiens l’ont depuis toujours traversé et se sont reproduits entre eux.
L’eskimo canadien est également appelé qimmiq, (ou quimmiq), qui signifie chien de travail polyvalent en inuit.
La race a fortement décliné au point de presque disparaître. En effet, dans les années 1970, il ne restait qu’environ 200 eskimos canadiens. Un programme de sauvegarde a alors été lancé. Il reste toutefois assez rare.
L’alaskan Husky
Contrairement aux autres races de chiens de traineau, l’alaskan husky n’est pas une race reconnue par les instances cynophiles. Née au XXe siècle en Alaska et issue de divers croisements, cette race de chiens de traîneau a une histoire fascinante.
En 1896, de l’or est trouvé à Dawson au Canada. C’est le début de la ruée vers l’or et des milliers d’hommes se rendent à Skagway ou Dyea (Alaska) espérant faire fortune. Loin étaient-ils de s’imaginer toutes les épreuves qui les attendaient. Ils devaient d’abord franchir d’impitoyables montagnes pour rejoindre le Lac Bennett et avaient le choix entre deux routes : par le col de la White Pass ou celui la Chilkoot. Toutes deux aussi dangereuses et éprouvantes l’une que l’autre.
Pour ceux qui arrivaient en vie jusque là, il fallait ensuite construire un radeau pour descendre la Yukon River et ses nombreux rapides. Beaucoup d’embarcations se fracassèrent sur les rochers ou se renversèrent. De nombreux hommes périrent dans les eaux glacées de la rivière. Sans compter ceux qui s’écroulaient de fatigue en route ou se retrouvaient sans provisions.
Le gouvernement Canadien émit donc une loi qui obligeât tous les prospecteurs à voyager avec suffisamment de provisions pour tenir un an. En y ajoutant tous le matériel nécessaire (tente, casserole, couverture, etc…), cela s’éleva à environ un total d’environ une tonne !!
Certains hommes faisaient donc des aller-retours, déposant leurs provisions au Lac Bennet, puis redescendant à vide chercher la suite, etc…C’est ainsi que les 53 km qui séparaient Dyea du Lac Bennett se transformèrent en 1600 km.
Beaucoup de prospecteurs payèrent des indiens Tlingits pour les aider à transporter tout le matériel.
Et puis, les hommes commencèrent à s’aider d’animaux de trait, notamment de chiens. Il y eut alors un énorme trafic de chiens aux Etats-Unis, volés et vendus en Alaska.
Tous les chiens de grande taille, aux poils assez longs faisaient l’affaire. Une fois sur place, il y a bien sur eu des croisements avec des chiens indiens. C’est ainsi qu’est né l’Alaskan husky.
Les chercheurs d’or se mirent donc à atteler les chiens à des traîneaux pour passer les montagnes et acheminer les provisions jusqu’au Lac Bennett.
Une fois la rue vers l’or terminée, les hommes restés sur place ont commencé avec les courses de chiens de traîneau. Ils ont alors appris à faire plus attention aux croisements suivant s’ils voulaient faire de la longue distance ou plutôt de la vitesse. Il existe plusieurs lignées d’Alaskan huskys pour la longue distance, semi-longue distance ou le sprint.
Chiens assez fins, rapides et endurants, ils ont néanmoins une moins bonne résistance au froid que les races nordiques. Celles-ci ont evoluées pendant des milliers d’années dans les climats rudes de l’Arctique. En effet, les alaskans huskys ont moins de poils et ont des pattes plus fragiles et susceptibles aux crevasses (entre les coussinets). Il est donc important de leur regarder les pattes après chaque sortie et dès leur mettre des bottines et de la crème pour les protéger.
Gentils comme tout, ces chiens ont souvent un bon caractère et sont beaucoup moins bagarreurs que les malamutes ou les groenlandais.
Chez Flarken Adventure, nous avons quelques croisés groenlandais / alaskan husky qui sont formidables. Des bons travailleurs, avec de bons caractères, qui sont résistants au froid, ont un bon mental mais connaissent leurs limites et ne vont pas s’épuiser à l’effort (ce qui peut-être un problème avec certains alaskan huskys).
Le Taïmyr de Siberie
La dernière race de chiens de traîneau est le Taïmyr, originaire de la péninsule du même nom en Sibérie. Race non répertoriée car endémique à cette région, ces chiens sont à la base utilisés comme chiens de troupeaux (de rennes), de traîneaux, et pour la chasse.
C’est grâce à un explorateur français du nom de Gilles Elkaim que l’Occident a découvert le taïmyr. En effet, pendant son expédition Artika 2000 où il parcourra en solitaire 12 000 km du Cap Nord (Norvège) au détroit de Béring (Russie), en kayak et en traîneau à chiens, Gilles Elkaim se procura des chiens auprès des peuples Taïmyrs. Il les entraîna et fit son expédition avec. Les Taïmyrs se sont avérés être de très bons chiens de traîneaux, à l’écoute, puissants, motivés. Une fois son expédition terminée, il a ramené ses taïmyrs en Europe et en a continué les lignées. Pour cette raison, ce sont des chiens de traîneaux très rares et peu connus.
Nous en avons un, Morock, descendant d’un des chiens de l’expé.
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