Nous quittons Stockholm en train pour rejoindre le nord du pays et la suite de notre voyage en Laponie suédoise, terre de rêves d’enfant et d’aventures dans le Grand Nord. Nous avons passé deux journées très agréables à flâner au fil de l’eau au cœur de la capitale Suédoise entre les monuments et les pauses « fika ».
En route vers la Laponie suédoise
C’est en train que nous avons choisi de nous rendre dans l’arrière pays de Skellefteå. Nous progressons lentement à travers le pays, les paysages égrainent au fil des kilomètres leur chapelet de lacs et de forêts. A chaque changement de train, la température descend irrémédiablement et peu à peu la neige recouvre les forêts et la glace les nombreux lacs.
Il est 20h et il fait déjà nuit depuis de longues heures quand nous atteignons la petite gare de Jörn au cœur de notre voyage en Laponie suédoise, terminus de notre périple et point de départ de notre aventure nordique. L’ambiance est stupéfiante, le calme règne, aucun bruit ne s’échappe de la couche de neige généreuse, la température est aux environs de -15°. Nous sommes les seuls à descendre à cette station. Sur le parking, un véhicule celui de Flarken Adventure. Nous sommes accueillis par Laura et nous partons rapidement après de brèves présentations pour une vingtaine de kilomètres afin de rejoindre le reste de l’équipe et du groupe.
Les petits villages que nous traversons sont déserts à cette heure, il faut dire qu’avec une densité de 2,3 habitants par km², nous sommes loin de la foule des grandes villes. En revanche, la quasi totalité des maisons habitées sont illuminées par des guirlandes à l’extérieur ou dans les jardins. Cela donne une atmosphère féerique et chaleureuse dans cet univers froid et noir.
Notre équipement pour ce voyage en Laponie suédoise
Après une demi-heure de route, nous retrouvons quatre jeunes voyageurs très sympas avec qui nous allons partager la semaine « multi activités ». Après un petit briefing de présentation de Laura, nous récupérons les équipements « Grand Froid » : moufles, veste, bottes, chapka et une « popote » portable pour les nombreux repas pris à l’extérieur, tout est prêté par Flarken Adventure. Cela nous sera bien utile vu la température de ce soir.
C’est maintenant au tour de Lorris dit « Mitch » un jeune grenoblois en saison à l’agence de nous prendre en charge. Les voyageurs sont répartis en groupe de 6 personnes dans des maisons individuelles et un guide est en charge de l’intendance de la maison pendant le séjour. Lorris nous conduit donc à une dizaine de kilomètres où nous retrouvons dans un tout petit village, une maison typique très confortable au milieu d’un champ de neige. Premier repas réconfortant à base de soupe et de galettes de pomme de terre tout en faisant connaissance avec nos nouveaux amis.
Ski altai et cheval en Laponie suédoise
Bien qu’il existe un programme normalement bien définit pour la semaine, l’obligation de faire un test PCR au retour en France chamboule un peu tous les programmes. Et, c’est au jour le jour que nous allons découvrir les différentes activités hivernales.
Nous commençons la première journée comme toutes les autres avec un petit déjeuner libre pris en fonction du levé de chacun. Il est accompagné de confitures, faites maison et notamment une spécialité du coin « la mure arctique ou Hjortron », excellente.
Après un petit déjeuner pris assez tôt en ce qui nous concerne, nous ne pouvons refouler l’envie de partir à pied dans le village. La neige est partout. Les arbres sont gelés. Il n’y a presque pas de bruit. Le soleil qui reflète ses premiers rayons sur les couleurs vives des maisons nous plonge dans une ambiance très accueillante malgré la température assez basse.
Matinée en ski altai
Au retour de cette balade rafraichissante, nous rencontrons Vincent un autre guide saisonnier qui encadre pour Flarken Adventure, l’activité « ski altai ». C’est donc avec lui que nous partons pour cette première journée qui est consacrée pour moitié au ski et pour l’autre au cheval. Quelques kilomètres nous séparent du centre équestre qui sert de départ aux deux activités.
Le groupe se sépare. Nous partons à deux pour une première expérience en ski altai alors que le reste du groupe se prépare pour la randonnée à cheval.
Le ski altai ressemble au ski de randonnée avec deux particularités. Ils sont beaucoup plus courts pour faciliter les déplacements dans les bois et n’ont pas de «peau de phoques » sur toute la longueur du ski pour faciliter la glisse. Mélange de raquettes et de ski, nous sommes assez vite à l’aise pour nous déplacer dans la poudreuse même si les premières descentes nous réserve une chute ou deux dans la poudreuse car dès que le poids passe un peu sur l’arrière, seule la partie du ski qui n’a pas de peau de phoque reste en contact avec la neige et devient difficilement contrôlable. Super initiation dans les forêts de sapins et de bouleaux ainsi qu’au bord d’un fleuve gelé pour cette première matinée.
Balade à cheval en Laponie suédoise
Vers midi, nous retrouvons notre quatre compagnons et Floriane, une française installée en Suède depuis 5 ans et organisatrice de randonnée à cheval. Tout le monde échange ses premières impressions autour d’une soupe aux légumes et à la viande de rennes (Renkött. Le tout est consommé à l’extérieur dans nos plats traditionnels Sami autour d’un feu et confortablement installés sur des peaux de rennes très imperméables.
Rencontre avec nos petits chevaux islandais, qui se révèlent être des montures parfaitement adaptées au froid, aux passages dans les sous-bois et sur les chemins où la neige est plus ou moins profonde. Pendant 2 heures au pas ou au tölt (allure spécifique des chevaux Islandais, un galop stable qui offre un confort optimum même pour des cavaliers presque débutants), nous découvrons l’environnement accompagné par Floriane.
Le sauna suédois
Puis c’est le retour au camp de base pour la spécialité quotidienne : le sauna !! Nous nous retrouvons donc dans la pièce principale de Flarken Adventure surnommé « Bruno », du nom du poêle central qui réchauffe l’ensemble de cette pièce commune. Puis, nous attaquons notre premier sauna de ce voyage en Laponie suédoise. Tout d’abord, nous nous changeons pour nous retrouver en maillot de bain et préparer la sortie pour rejoindre à l’extérieur le sauna, chauffé à 80°.
En Suède, deux éléments pimentent le sauna. Si l’un est plutôt appréciable, il est en effet courant de savourer une bière très légère et très fraîche pendant le sauna. Le second est de prime abord moins confortable puisqu’il faut, après avoir transpiré dans le sauna, sortir et de préférence se rouler dans la neige assez longtemps avant de revenir dans le sauna. Pour notre premier essai, nous ne ferons que nous asperger généreusement de neige. Surprenante mais agréable sensation de pureté surtout au retour dans le sauna où nous apprécions la vapeur générée par l’eau déversée sur les pierres chaudes… Il sera assez facile les jours suivants de se rouler dans la neige… Expérience à consommer sans modération !
C’est la fin de journée et nous rentrons à la maison où Lorris nous attend avec une fabuleuse plancha de viande d’élan nature et fumé accompagnée d’un gratin dauphinois !
Journée en traineau à chien
Aujourd’hui nous attend la première journée de traineau à chien ! Moment tant attendu de notre voyage en Laponie suédoise, rêve d’enfant, c’est la première fois que nous allons partir avec nos propres chiens dans les traces de Jack London…
Au chenil, ce n’est pas Jack qui nous attend mais Jo, un Jurassien, guide et musher qui effectue cette année sa deuxième saison avec Fabien, propriétaire de Flarken Adventure. Les chiens sont déjà sortis de leur chenil et attendent attachés sur une longue ligne de corde parallèle aux traineaux. Chargés de peaux de rennes, de thermos et de notre popote nous descendons à la rencontre de la meute.
L’ambiance est incroyable, l’excitation n’est pas encore à son comble mais les chiens sentent le départ et sont très excités. Jo, nous briefe rapidement mais efficacement sur le maniement du traineau. Les ordres à donner et les règles de sécurité à observer obligatoirement en cas de chute et tout au long de la ballade. Puis vient le moment de la présentation avec les 4 chiens du jour. Les miens s’appellent Liv, Vouac, Iggy et Zep, 2 chiens de tête rapides et 2 chiens plus costauds, des groenlandais (wheel dogs) qui grâce à leur force entrainent l’attelage.
L’heure de partir approche, après avoir ajusté les harnais à nos chiens très complices, nous montons sur les freins du traineau. Pendant ce temps l’équipe attèle les chiens à la ligne de trait centrale. L’excitation est maintenant à son comble tant chez les chiens qui hurlent, sautent dans tous les sens, grognent que de notre côté devant tant de puissance qu’il va falloir canaliser au début !!
Voilà c’est parti, même avec le pied sur le frein les chiens surpuissants entrainent le traineau. En quelques secondes plus un aboiement, nous lâchons progressivement les freins, les chiens se mettent automatiquement au trot, l’adrénaline redescend. Les premiers mètres sur la neige s’effacent et très rapidement nous ressentons des sensations incroyables. Nous glissons allègrement sur la piste de la largeur du traineau, de temps en temps un de mes chiens se retourne, stress de sa part ou peut-être me signifie-t-il que je fais encore quelques erreurs de pilotage dans les virages ou dans les descentes…
Nous évoluons pendant deux heures dans des paysages apaisants, concentrés sur la conduite du traineau mais débordant de plaisir. Petite halte vers midi pour un déjeuner trappeur dans la forêt, les attelages sont sécurisés par une « ancre » à neige et une corde attachée à un arbre. Les chiens ont le droit à un snack constitué de viande et de graisse de coco.
Pendant ce temps, Jo allume un feu sur la neige grâce à l’arbre magique. Le bouleau prend très vite et surtout, l’écorce qui se détache très facilement en feuille de papier fait office d’allume feu très performant. Il prépare un pytt i pana d’extérieur : poêlée de dés de viande, de lardons, de pommes de terre et d’oignons, accompagné par une soupe. Après cette petite pause, nous repartons, non sans hâte, car il fait aujourd’hui -18° et le corps se refroidit vite.
Comme un musher en Laponie suédoise
C’est une nouvelle cession de deux heures où avec un peu plus d’expérience et de technique dans les virages parfois serrés, nous profitons maintenant plus des paysages. Nous rejoignons après 30 kilomètres d’initiation le chenil. L’ambiance est plus calme, pour eux le « job » est fait et le temps du repos est arrivé. Une fois détachés du traineau, nous enlevons les harnais des chiens. Il faut maintenant vérifier chaque patte et les intérieurs des coussinets pour voir s’il n’y a pas de coupures ou de blessures dues à la glace. Une fois vérifié et soigné à l’aide d’une crème grasse et épaisse si besoin, nous reconduisons les chiens dans leur enclos respectif.
Il faut maintenant réhydrater les chiens en leur servant une soupe très claire à base de poisson. Les portions sont calculées en fonction de chacun et le retour dans le chenil avec la nourriture suscitent une nouvelle vague d’aboiements en masse. Une heure plus tard, c’est le repas du soir que nous servons, une mixture à base de viande mixée et de croquettes. Nous avons réalisé notre rêve, une journée exceptionnelle accompagné par des chiens courageux et gentils.
Une soirée en Laponie suédoise
La journée n’est pas finie, car après le traditionnel sauna, il est prévu de prendre ce soir le dîner avec l’ensemble de l’équipe à l’extérieur autour du feu. Le dîner aura donc bien lieu. Nous apprécions un très bon plat de viande de rennes mélangée avec des cèpes de bordeaux et des airelles ramassées dans les bois autour de Flarken durant l’été, des haricots verts et des pommes de terre bio du voisin maraicher. Mais celui-ci se termine assez tôt car les températures sont assez faibles et vers 21h15, nous abandonnons la partie à – 25° pour rejoindre la tiédeur de notre maison !!
Voyage sur une île au milieu d’un lac gelé
Ce matin, nous récupérons chacun un sac étanche et un sac « à viande polaire ». Nous partons en effet pour deux jours sur une île au milieu d’un lac gelé en Laponie suédoise, et nous allons dormir dans des cabanes et profiter de la nature pour améliorer notre expérience de ski altai et tester de nouvelles activités.
Rencontre avec un éleveur Sami
Avant cela, il est prévu de rencontrer un éleveur Sami qui s’occupe de son troupeau de 1500 rennes. Nous partons donc sur les routes verglacées, à travers de jolis paysages pour retrouver après une bonne heure de voiture, Börje. En route, nous apercevons un élan qui trotte de son pas chaloupé sur la glace d’une large rivière . Pas de folklore, ni d’habit traditionnel pour cette rencontre, Börje est un éleveur Sami qui se déplace en voiture et en moto neige. Il habite une maison classique au centre de la petite ville à une dizaine de kilomètres.
En revanche, l’immersion dans ce troupeau de rennes, la participation à la distribution de « croquettes végétales » (2 tonnes par jours) et les nombreuses explications de notre hôte sont des expériences très enrichissantes. Nous en apprenons énormément sur les rennes. En effet, cet hiver à cause des conditions climatiques, ils ne peuvent plus chercher la nourriture par eux même. Le sol est trop glacé et l’accès au lichen réduit. Il est donc préférable de les regrouper pour les nourrir même si cela revient très cher. Dans le cas contraire, le cheptel pourrait perdre 30% de sa population s’il restait en liberté comme les autres années. Après cette belle matinée, nous sommes invités à manger chez Börje, des sandwiches chauds type kebab à la viande de renne.
L’île aux cabanes
En début d’après-midi, après quelques achats dans le supermarché du coin (saucisson de rennes, chocolat suédois, vin chaud aux baies et quelques bières locales), nous rejoignons le point de départ qui nous conduit vers l’île. La nuit est presque tombée quand du minibus nous chargeons les pulkas avec la nourriture et le matériel pour la nuit. Lampes frontales sur la tête, nous nous enfonçons doucement dans la forêt. Le poids des pulkas accentue la difficulté à tenir sur les skis surtout dans les descentes. Après une demi-heure dans les sous-bois et une dernière pente, nous arrivons sur le lac gelé, le crépuscule est là. C’est en colonne que nous progressons maintenant sur cette immensité plate et gelée, l’instant est magique, les dernières lueurs se reflètent sur la glace.
Nous rejoignons notre île, petit récif posé sur la glace où sont construites trois cabanes pour dormir, une cabane principale pour les repas et un petit sauna !! La journée n’est pas encore finie, après la découverte de l’endroit, il faut allumer les poêles dans les cabanes. Car même avec le duvet grand froid, nous allons profiter de la chaleur du poêle, il fait -18° à l’extérieur. Et il faut creuser avec une tarière un trou dans la glace pour récupérer de l’eau et préparer le repas avant une bonne nuit douillette. Après avoir rallumé le feu dans le poêle vers 6h du matin, nous nous levons plus tard avec la chaleur dans la cabane. Les activités de la journée sont à la carte, nous décidons de partir ce matin tous ensemble avec Vincent pour une grande balade en ski altai. Nous traversons le lac d’île en île. Nous progressons rapidement pour rejoindre l’endroit où se jette le lac dans une petite rivière à moitié sous la glace.
Pêche blanche en Laponie suédoise
Après 3 heures de randonnée, certains décident de continuer, Julie et moi revenons directement vers notre île en traversant le lac. Ils nous restent environ 1h30 avant que le groupe nous rejoigne pour le déjeuner. Nous décidons d’essayer la pêche blanche. Armé de la tarière, d’une peau de renne et d’une canne à pêche très courte, nous nous dirigeons vers notre trou d’eau de la veille.
Quelques coups de manivelle suffisent à repercer la glace reformée mais fragilisée. Il ne reste plus qu’à plonger la ligne et faire bouger l’appât en espérant qu’un poisson affamé croise leur chemin… Nous patientons 30 minutes avant qu’une perche saute sur notre appât. C’est donc avec une grande fierté que nous remontons notre première (et seule) prise de la journée. Le temps d’une photo avant de la remettre à l’eau.
La journée se poursuit autour d’un déjeuner traditionnel et d’un plat de köttbullar (boulette de viande, appelé à tort « boulette Ikéa » … et de kanelbullar (petit pain à la cannelle) arrosé de vin chaud parfumé aux baies.
Un petit sauna et nous quittons en fin d’après-midi l’île après avoir rechargé les pulkas et le matériel. Nous jetons un dernier regard vers l’île où le paysage est sublimé par la glace et la neige avant que la forêt ne nous happe sur le chemin du retour.
Un dernier voyage en chien de traineau
Nous sommes très heureux car notre dernière journée est prévue en traineau à chien. Cette fois-ci accompagné par Laura et Fabien, nous partons pour une étape de 40 kilomètres toujours dans un décor féérique, et notamment un passage dans la poudreuse de plus de 50 centimètres d’épaisseur…Nous profitons à fond de nos compagnons de voyage à 4 pattes avant de revenir au chenil pour les mêmes soins aux chiens, un dernier sauna et enfin une soirée « pizza » faite maison autour du feu.
Demain, le réveil est très tôt pour rejoindre la capitale suédoise avant le retour vers la France, des souvenirs glacés mais chaleureux plein la tête.
Merci à toute l’équipe pour ces instants.
Texte écrit par Laurent, voyageur venu en Mars 2021, co-auteur de La Petite Aventure, blog de voyages.
Lisez aussi :